Regard périphérique

Observer attentivement, c’est se rappeler distinctement    Edgar Allan Poe

Six heures du matin, en plein cœur du parc de North Luangwa en Zambie. Le jour vient de se lever et mon intention est précise, trouver un léopard parmi le bush. La mission s’avère plus complexe que l’intention. En effet, le léopard est l’animal le plus difficile à observer car il peut autant se trouver au sol que dans les arbres où il adore remonter ses proies pour les dévorer. Nous cheminons très lentement afin de ne rien manquer. Toujours rien après plus de deux heures de cache-cache et cette question lancinante qui vient provoquer mes qualités d’observateur : combien de léopards m’ont-ils déjà vu ce matin ?

 

Plus aucun doute, sur la faculté de mimétisme de ce mammifère qui m’oblige à balayer du regard l’ensemble du paysage, ainsi que le moindre des buissons. Etrange sentiment qui n’est pas sans me rappeler une image de l’enfance ou j’adorais jouer avec une paire de jumelles inversées. Tantôt j’accédais à une vision lointaine, tantôt à une vision microscopique capable de me faire découvrir le monde du minuscule.

 

A chaque fois je me disais : dommage qu’il n’existe pas encore de paires de jumelles « tête-bêche » qui faciliteraient notre vision à la fois lointaine et proche. C’est peut-être bien cette faculté là qui me permettra un jour cette rencontre tant attendue.

 

Et si… dès maintenant, dans certaines situations, je tentais de porter un regard qui combine vision globale et vision macroscopique ?