Flux tendu

Peu importe que tu avances lentement, l’essentiel est de ne pas s’arrêter.   Confucius

Imaginez-vous sur le trottoir d’une des plus larges rues de votre ville. Placez-y des milliers de mobylettes reproduisant le mouvement des fourmis processionnaires rejoignant leur habitation. Observez autour de vous et constatez avec surprise et un brin d’inquiétude qu’aucun passage de sécurité n’est tracé. Cherchez alors des signaux lumineux… ! Visiblement aucun à l’horizon. Alors, décidez de traverser cette route tant bien que mal ! Impossible ! Vous avez dit impossible. Ce fut également mon premier réflexe au cœur de la ville de Hanoï.

C’est au même instant que, presque résigné et me rappelant le proverbe « à l’impossible nul n’est tenu », que j’aperçus au loin une femme âgée qui portait son restaurant ambulant au bout de son balancier de bambou. Courbée sous le poids de ses victuailles elle venait de faire le premier pas pour passer de l’autre côté de la route. Comment allait-elle bien pouvoir se faufiler parmi cet essaim de véhicules pétaradant et apparemment peu scrupuleux des piétons ?

Et l’impossible devient soudain possible. D’un pas très régulier, sans se préoccuper du danger potentiel, avec un but précis et sans changer de direction, elle entama sa traversée. Les conducteurs de mobylette la remarquaient bien et l’évitaient à gauche, à droite, dans un ballet qui semblait réglé comme du papier à musique. Pas de stress visible, ni chez la téméraire, ni chez les assaillants. Toujours le même rythme, les mêmes évitements en une sorte de slalom orchestré, respectueux de tous les éléments du système, faisant confiance à l’autre pour le bénéfice de chacun et de l’ensemble.

Et si… dès maintenant, lors de situations en flux tendu je veillais à prioritairement me fixer un but précis, à le conserver, à adopter une attitude favorisant un rythme régulier et surtout à me faire confiance autant qu’aux autres acteurs du système.