Architecture et tournure d’esprit

Toute beauté est fondée sur les lois des formes naturelles.

L’architecture d’une ville est d’émouvoir et non d’offrir un simple service au corps de l’homme.

John Ruskin

Située au nord-ouest du Chott el-Jérid, Tozeur est une des portes d’entrée du désert tunisien. Etape quasi incontournable pour les hordes de touristes en mal de chaleur et de palmiers, elle a subi un développement quelque peu anarchique. Eloignées des nouveaux complexes hôteliers, les minces ruelles du quartier de Ouled el Hadef ont su garder un caractère plus authentique. C’est au cœur de ce labyrinthe que l’on peut découvrir une architecture traditionnelle où les petites maisons imbriquées les unes aux autres font apparaître de magnifiques façades.

 Faites de briques artisanales confectionnées à partir d’argile rouge, d’argile blanche, d’eau et de cendres de palmiers, elles ne laissent personne indifférent. Un peu à l’image des premières boîtes Lego® de notre enfance, elles présentent des dimensions standards, vingt deux centimètres sur cinq. A première vue, on pourrait penser que ce type de brique n’offre que trop peu de possibilités créatives. De cette contrainte, et sans label Minergie®, l’ingéniosité des constructeurs locaux a permis un double pari, esthétique et énergétique. Leur placement en saillie ou en retrait fait naître des figures et des volumes inhabituels. La beauté des motifs ainsi formés, inspirés par les tapis de Kairouan et certaines écritures coraniques, se conjugue à des critères caloriques. En effet, ce jeu des alternances permet de bien meilleurs échanges thermiques et assurent une décoration fidèle aux mouvances et cultures artistiques de la région.

Et si… dès maintenant, à l’image de nos architectes, nos contraintes devenaient des opportunités à développer « une tournure d’esprit » de bâtisseur.