Klaxons, chaos porteurs de solutions

Le chaos est souvent source de vie alors que l’ordre génère des habitudes

Henry BROOKS ADAMS

En plagiant Prévert, l’inventaire pourrait devenir un bus, des buffles, trois camions, des vélos, un troupeau de chèvres, trente motos, des piétons, et un « tuk-tuk » qui déambulent. Tout ce petit monde cohabitent sur les routes et se croisent, chacun y allant de son avertissement. Le signal qui est pourtant le plus utilisé est le klaxon qui ne s’arrête jamais. Certains guides décrivent d’ailleurs ces scènes en parlant de « vrai foutoir ». C’est d’ailleurs certainement à juste titre, puisque le Vietnam a un taux de décès sur ses routes que l’OMS qualifiait, il y a encore peu de temps, « d’épidémique ».

Sans vouloir idéaliser la conduite téméraire des Vietnamiens, ces klaxons et ce chaos m’ont apporté quelques clés de compréhension. Chacun décide de passer, en pleine connaissance du risque réel qu’il a de se trouver face à un véhicule, voire de personnes ou d’animaux. Pourtant, chaque coup de klaxon porte en lui une signification, un langage spécifique. Difficile de coucher sur le papier les nuances de « tût », mais croyez-moi, il y en a des dizaines bien répertoriés, le long, le court, l’insistant, le continu. Tous donnent des informations précises sur la gravité de la situation. Parfois ces sonorités sont accompagnées d’appels de phares pour préciser sa pensée… « je ne peux plus freiner, ni me tirer, alors, à votre bon cœur Messieurs-Dames ! » Dans notre culture cette attitude serait décrite comme égoïste, arrogante, sans aucun respect pour l’autre.

Pourtant, là-bas, ça « roule » ! A tel point que je ne me suis senti qu’à de très rares exceptions en danger. Aucune animosité ou attitude agressive face au fautif. Chacun met tout en œuvre pour que « ça passe » ou que « ça se passe ». Même après avoir sauvé la situation, personne ne se montre odieux ou même fâché. Aucun geste déplacé, les doigts sont précautionneusement gardés sur le volant pour se préparer à la prochaine surprise.

Et si… dès aujourd’hui, lors de situations critiques je me concentrais sur ma tâche et la meilleure solution pour tous, plutôt que de blâmer le « fautif » ou « l’intrépide ».