Un besoin essentiel de frontières

Les frontières sont un vaccin contre les murs et la première que nous connaissons est notre peau

Régis DEBRAY

Le terme « mondialisation » a nourri les discours politico-économiques de notre « village global », principalement durant ces deux dernières décennies. Aujourd’hui certaines voix s’inscrivent en faux à l’image, par exemple, des mouvements altermondialistes et de leurs cortèges de plaidoyers « durables ». Une tendance au repli, au « made in » et au local se fait sentir.

Au-delà de ces tendances n’y a-t-il pas un réel problème de territoire et de frontière ? Comme le dit si bien Régis Debray, « l’homme n’est pas l’ami des terrains vagues » et a un besoin vital de s’entourer, de marquer son identité, sa spécificité. Là où d’autres le déplorent, lui le célèbre et se prend à nommer « la frontière comme vaccin contre l’épidémie des murs, remède à l’indifférence et sauvegarde du vivant ». Que voilà un beau programme de campagne ! Mieux encore, une vision que j’avoue redécouvrir au quotidien.

N’est-ce pas parce que les cadres sont posés et précisés que les systèmes fonctionnent ? A l’inverse, les difficultés ne sont-elles pas dues à un manque de clarification des territoires, des temps et des tâches dédiés à chacun-e ? N’entend-on pas parfois des expressions comme : « s’il continue je lui fait la peau », ou à l’inverse : « cette personne je l’ai dans la peau ». Cette mise à « juste distance » n’est-elle pas un préalable à toute relation ? « Mais il faut une frontière, comme une porte. Quand il n’y a plus de porte, tous ceux qui entrent sont des intrus. La bonne frontière est comme la peau, elle permet d’entrer et de sortir».

Et si… dès aujourd’hui, je précisais plus clairement les contours de mon territoire et les frontières qui le constituent pour permettre à l’autre de me reconnaître.